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L'apprentissage du français à la Maison Caritas de Bonnefoy
Contenu national
Thème
Insertion
Migrants
Commune
Toulouse

L'apprentissage du français comme outil d’intégration

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Apprentissage du français à la Maison Caritas de Bonnefoy
Texte

L’accueil inconditionnel tout au long de l’année des plus fragiles, des personnes malades, le désir que les apprenants puissent se débrouiller, sans chercher à ce qu’ils parlent un très bon français, est le créneau de Françoise, Suzanne et Anne-Marie, engagées dans l'apprentissage du français. 

Nous étions trois dans l’équipe de FLI à Bonnefoy. Un cours de vrais débutants, un cours moyen et un cours regroupant les anglophones jusqu’à la COVID. Depuis septembre, Françoise et moi, avons de trois à six élèves, pas plus. Suzanne assure des cours en "distanciel". Nous avons repris les personnes les plus régulières et celles qui avaient vraiment besoin de parler pour faire leurs démarches, pour travailler ou soutenir leurs enfants. Depuis le début de notre équipe, nous accueillons les apprenants au fur et à mesure de leur arrivée au Secours Catholique. Certains apprenants suivent un ou deux cours, puis changent de quartier où ils sont pris en charge par une autre structure, mais au moins ils ont déjà commencé un apprentissage … d’autres sont très réguliers. Nous accueillons beaucoup de malades qui ne peuvent assurer une régularité du fait de leurs traitements.

Notre structure n’est pas scolaire. Nous ne prenons pas de personnes qui cherchent des diplômes mais des personnes qui veulent s’intégrer par la langue, un français compris et compréhensible. Nous poussons l’oralité ; nous travaillons des thèmes de la vie courante et des situations qui sont celles des personnes migrantes. Le niveau de français et les thèmes suivent les demandes et les possibilités du groupe.

Il y a de belles rencontres : un très jeune garçon au milieu des femmes mûres et ça se passe très bien. Une jeune femme africaine anglophone qui ne savait plus ni lire ni écrire et qui, par volonté de suivre la scolarisation de ses deux enfants, travaille d’arrache-pied et s’avère capable de tenir des petites conversations et de lire des phrases simples. Des personnes très malades mais pleines d’espoir et de courage.

Afin de progresser et de rester dans ce qui est recommandé, j’ai suivi ces derniers temps une formation avec Ressources et territoire. J’ai trouvé les formateurs très humains. Ils nous ont expliqué que notre rôle est « politique ». La France accueille des personnes pour diverses raisons : nous devons les aider à s’intégrer et elles-mêmes doivent montrer leur désir d’insertion. Les apprenants sont flattés de leur rôle politique ! Mais ils ont au maximum 72 h de cours dans l’année, et il ne faut pas être trop exigeant. Ainsi, les apprenants sont moins stressés, et se sentent écoutés. Les professeurs nous ont fait découvrir que si les personnes n’arrivent pas à parler, c’est pour une question… d’oreille. Nous avons abordé l’orthophonie et la phonétique. Une personne adulte n’entend pas bien ce que nous disons du fait de sa propre langue, des sons qui n’existent pas et des lettres imprononçables dans sa propre langue. Elle en vient à rapprocher ce qu’elle entend, des sons et des mots qu’elle connaît. Par exemple, si je dis « la jupe de Josette est jaune » et que je fais répéter, ça peut donner : « la jupe et les chaussettes jaunes ». Il faut chercher dans leur langue, les particularités de prononciation. Cette méthode d’écoute très précise des uns et des autres, ces corrections ciblées pour les hispanophones, les anglophones, les Magrébins, les Africains… la répétition sympathique et parfois humoristique des sons inconnus, a accéléré les progrès et la confiance en eux de façon étonnante …

Pour le moment, nous ne cherchons pas de nouveaux enseignants car nous n’avons pas de place, pas de salles. L’an dernier, nous avions trente élèves par semaine. Nous pensons que cela va reprendre.

La difficulté pour avoir de nouveaux enseignants bénévoles c’est qu’il leur faut accepter de faire entrer des nouveaux, tout au long de l’année, d’accepter des malades et de jeunes mamans, de ne pas vouloir atteindre obligatoirement un certain niveau scolaire, de ne pas être rassuré par une méthode cadrée.

L’accueil inconditionnel tout au long de l’année, l’accueil des malades, le désir que les apprenants puissent se débrouiller, sans chercher à ce qu’ils parlent un très bon français, est notre créneau, à côté des autres groupes de FLE.

Quelques bons repas et des sorties culturelles au musée, dans des expositions sont le ciment entre les apprenants. Pour certains, ce premier contact avec le FLI, est un premier pas vers un véritable apprentissage du français.

Françoise, Suzanne et Anne-Marie