La Maison Caritas Bonnefoy s'adapte aux nouvelles situations
L'équipe de la maison Caritas accueille un nouveau public depuis la pandémie ; elle s'interroge sur la façon d'approfondir les contacts avec ces nouveaux venus.
L’accueil social de Bonnefoy a redémarré en novembre 2020 avec deux bénévoles. C’était difficile de se motiver à nouveau. En janvier nous étions trois, et maintenant nous sommes cinq. Auparavant nous suivions régulièrement une cinquantaine de personnes. Mais dans le contexte sanitaire, on a voulu élargir l’accueil de Bonnefoy à tous ceux qui demandaient une aide. Très vite, nous nous sommes rendu compte qu’avec l'accroissement des demandes, on n’y arriverait pas. À partir de février, on s’est limité aux quartiers limitrophes et très peuplés. Puis nous avons accepté également quelques étudiants étrangers de Rangueil et des personnes du centre-ville envoyées par les assistantes sociales.
Nous recevons le lundi matin, environ dix personnes sur rendez-vous. Nous n’avons pas recontacté les personnes accueillies de l’an dernier parce que certains ont obtenu leurs papiers et d’autres ne sont pas revenus. Ces nouvelles personnes que nous recevons à 60 % des familles migrantes sans papiers, en grande précarité et des étudiants étrangers qui n’ont plus de boulots "alimentaires". Nous recevons quelques femmes étrangères, seules avec des enfants, exilées en France du fait du poids des traditions familiales ou des violences conjugales. Ces publics, nous n’en avions pas reçu jusqu’alors. Nous recevons aussi quelques hommes français seuls, impactés par la Covid. Ils avaient souvent des boulots, mal déclarés, dans la restauration. D’autres ont perdu leurs emplois précaires. Un vrai changement donc : plus de monde, et des profils qu’on ne recevait pas auparavant.
Ces nouveaux venus sont demandeurs d’une aide alimentaire (nous donnons des chèques services) et parfois d’un soutien dans leurs démarches. Nous sommes en lien avec l’épicerie sociale, le service Migrants, le FLI (français langue d’intégration), l'accompagnement scolaire et le service DALO. Nous essayons d’accompagner individuellement certains comme ce couple français sans ressources pour acquitter sa facture d’eau. Au vu du volume de la consommation, nous avons pensé qu’il y avait une fuite, un défaut de compteur ou une surconsommation. Nous avons contacté les HLM. À suivre…
Il faut garder espoir, malgré l’accumulation de situations difficiles à soutenir. Les mêmes difficultés vont perdurer pour les étrangers, mais pour les Français, nous pensons qu’avec la reprise des activités, ils pourront retravailler.
Maintenant, notre attente est d’approfondir les contacts avec ces personnes accueillies comme nous le faisions avant la pandémie. Nous nous rendons compte que pour mieux se connaître et mieux favoriser l’intégration, rien ne vaut le partage d’un bon repas, d’un goûter ou d’un café en terrasse et la richesse d’une sortie culturelle. Nous les reprendrons après la crise sanitaire. Notre atout principal est la bonne entente entre les membres de notre équipe.
Anne-Françoise, Catherine, Jacky, Claude et Patrick.